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Futuna: La gestion de l'eau: un débat entre modernisation et traditions.


Gestion de l’eau à Futuna : Un débat entre modernisation et traditions.


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La gestion de l’eau à Futuna est aujourd’hui au cœur d’un débat qui divise la population. Alors que le roi Keletaona et la chefferie de Sigave ont annoncé une volonté d’évolution vers une meilleure organisation et une éventuelle potabilisation de l’eau, une partie des habitants exprime son désaccord sur les modalités, dénonçant notamment un manque de concertation.

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Notre sondage facebook Peyssa "Daily" (du 30 mars au 03 avril) a permis de recueillir 642 avis, générant un débat animé sur la nécessité d’un réseau collectif contre une gestion village par village.
"Un projet soutenu par le roi Keletaona et la chefferie de Sigave".
Face aux défis posés par l’accès à l’eau potable et la gestion des captages, le roi Keletaona et la chefferie de Sigave ont exprimé leur volonté de moderniser le réseau. L’objectif est de garantir un accès plus équitable et d’améliorer la qualité sanitaire de l’eau distribuée.
Cependant, cette décision ne fait pas l’unanimité, notamment à Alo, où le Tiafo'i, Kasipale Lemo, Premier ministre coutumier propose un modèle décentralisé, où chaque village aurait son propre réservoir potabilisé, avec un paiement à la consommation.
Ce désaccord met en lumière une opposition entre deux visions :
1. Un réseau commun et centralisé, qui permettrait de mutualiser les coûts et d’assurer une meilleure gestion de l’eau sur l’ensemble de l’île.
2. Un modèle autonome par village, où chaque communauté gérerait indépendamment son accès à l’eau et son entretien.
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Une décision imposée sans réelle concertation ?
De nombreux habitants et ressortissants de la diaspora dans l'Hexagone dénoncent ouvertement sur le sondage effectué et sur les lives tik tok, un manque de dialogue avec la population avant la prise de décision. Beaucoup regrettent que la population n’ait pas été consultée suffisamment en amont et qu’aucun référendum local n’ait été organisé pour évaluer les attentes et les besoins réels des citoyens.
Le respect des traditions : certains estiment que l’eau de Futuna a toujours été consommée telle quelle et qu’aucun problème majeur n’a été constaté.

Pour garder l’anonymat des personnes:
Un internaute s’exprime:
« Nos ancêtres ont bu cette eau sans traitement pendant des siècles. Pourquoi vouloir changer cela maintenant ? »
Un deuxième commentaire:
« On nous impose une réforme sans même nous demander notre avis. Pourquoi ne pas organiser une réunion publique et un vote ? »
Un autre renchérit :
« L’eau est un bien commun, on devrait décider ensemble et non pas suivre une décision prise sans nous. »
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Un cadre juridique à respecter : le statut de 1961
Le statut de 1961, qui définit l’organisation administrative de Wallis-et-Futuna, joue un rôle clé dans ce dossier. Selon ce cadre légal, les décisions concernant les infrastructures publiques doivent respecter les compétences des chefferies traditionnelles tout en étant validées par l’Assemblée territoriale.
Cependant, l’absence d’une claire répartition des responsabilités entre les autorités coutumières et les services administratifs crée parfois des tensions et des lenteurs dans la mise en œuvre des projets.
En ce qui concerne l’eau, aucune disposition du statut de 1961 ne prévoit un modèle unique de gestion. Cela laisse donc place à différentes interprétations, et explique pourquoi les chefferies d’Alo et Sigave peinent à trouver un consensus.
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Un débat qui divise la population
Le sondage Peyssa Daily a mis en évidence une forte division de l’opinion publique. Si certains habitants soutiennent une gestion commune, d’autres défendent l’indépendance des villages.
Sur les réseaux sociaux, les avis sont partagés :
• Certains internautes soulignent qu’un réseau collectif permettrait de réduire les coûts pour tous et d’éviter des inégalités d’accès.
• D’autres estiment qu’une gestion locale garantirait plus de contrôle et éviterait une facturation globale qui pourrait alourdir les dépenses des foyers.
Un internaute a ainsi commenté :
« Pourquoi changer un système qui fonctionne ? Chaque village doit gérer son eau, comme il l’a toujours fait. »

Tandis qu’un autre répond :

« Avec un réseau unique, tout le monde paierait moins cher et aurait accès à une eau potable de qualité. C’est une question de santé publique. »
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Un exemple à Nuku : un réseau local déjà existant
Actuellement, plusieurs villages comme Nuku ont déjà mis en place un système de contribution pour entretenir leur captage. À Nuku, chaque foyer paie 1 000 XPF par mois, et un nouveau branchement coûte 50 000 XPF.
Toutefois, si ces villages veulent aller vers la potabilisation de leur eau, ils devront augmenter ces contributions, ce qui pose la question d’un financement viable à long terme. (Éléments JT du 04 avril 205 sur Wallis-et-Futuna la 1ère).
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Une gestion complexe des réservoirs
L’entretien des réservoirs impose également une rotation de l’approvisionnement entre les villages. Chaque année, les réservoirs doivent être vidés et nettoyés, et pour éviter de bloquer l’approvisionnement, l’eau est redistribuée temporairement à partir d’un autre captage.
• Si le captage de Leava est en maintenance, l’eau peut être basculée sur celui de Fiua ou Nuku.
Cette gestion en circuit fermé souligne les limites du système actuel, notamment en cas de pénurie ou de contamination.
Une source proche du dossier a d’ailleurs rappelé que :
" Dire d’avoir chacun son réseau et ne pas partager avec un autre village, c’est contradictoire avec nos valeurs culturelles comme le partage et le sens de la communauté ".
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Alo : un désaccord sur la méthode
À Alo, le Premier ministre coutumier a défendu une approche différente :
• Chaque village disposerait de son propre réservoir potabilisé.
• Les habitants viendraient remplir leurs bouteilles moyennant paiement.
Cependant, cette idée n’a pas fait l’unanimité. Des chefs coutumiers se sont opposés discrètement à cette proposition, sans toutefois s’y opposer publiquement. Lors d’une réunion de travail entre Alo et Sigave, ce modèle n’a finalement pas été retenu, ouvrant la porte à d’autres solutions.
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L’État prêt à financer, sous conditions
L’État, via l’Office Français de la Biodiversité (OFB), a exprimé son intérêt à financer une partie des travaux si des garanties sont apportées :
• Assurer un entretien régulier du réseau pour éviter pollution et pénurie.
• Trouver un modèle économique viable pour assurer la pérennité du système.
• Responsabiliser chaque village sur la gestion de l’eau et éviter le gaspillage.
Cependant, ces conditions impliquent des changements structurels, qui inquiètent une partie de la population.
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Quelle solution pour Futuna ?
Le débat reste ouvert. Si la chefferie de Sigave et le roi Keletaona souhaitent favoriser un modèle centralisé, une partie des habitants, notamment à Alo, défendent un modèle décentralisé.
Ce choix devra concilier :
• Les traditions culturelles futuniennes, basées sur le partage et la communauté.
• Les exigences sanitaires, pour garantir une eau potable de qualité.
• Les réalités économiques, afin de rendre le système accessible à tous.
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La discussion continue, et la décision finale dépendra des autorités locales, des chefs coutumiers et de la population elle-même.

Rédaction: Amallyah Kolivai Felomaki. 

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